A propos du maquillage

Dans notre société capitalisée actuelle le maquillage est omniprésent au quotidien, il nous est vendu à la télévision, au cinéma, dans les revues, dans les publicités, à travers des conversations et interactions humaines, on cherche par tous les moyens à nous l'imposer tout en prétendant ne pas nous l'imposer. Seul les femmes sont visé par ce marketing tapageur qui reprend en plus (et c'est la cerise sur le gâteau) des messages féministes pour vendre leurs produits. Le féminisme radical est évidemment critique de cette industrie mais comment vous, personnellement, abordez vous la chose? Continuez vous à porter du maquillage ou bien n'en avez vous jamais porté? Comment vivez-vous cette situation? Vous sentez-vous à l'aise dans la rue si vous ne portez pas de maquillage? Voilà voilà j'attend des réactions

Bonjour !

Je suis étudiante donc je n'ai pas d'obligation professionnelle à porter du maquillage (ni aucune contrainte quant à mon habillement) mais la pression sociale est quand même forte. Je ne t'apprends rien en te disant qu'elle vient de partout et qu'elle m'a accompagnée pendant toute ma vie (déjà à 4 ans c'est mieux d'être jolie).

Au début donc je portais du maquillage pour faire comme les autres et être plus jolie, puis j'ai arrêté complètement suite à un épisode dépressif assez grave où je ne pouvais plus voir mon corps (et surtout je ne supportais plus que les hommes me regardent). J'ai aussi arrêté de m'habiller pour plaire, et je ne me souciais presque plus de mon apparence. Un truc que j'ai remarqué à cette période, c'est qu'en tant que femme, ne pas se faire belle c'est se rendre invisible aux yeux des hommes. C'était particulièrement flagrant un jour où je me suis maquillée pour une représentation théâtrale, et que soudain des gars qui ne m'avaient jamais adressé la parole, voire été méprisants envers moi, se sont tout d'un coup intéressés à moi. Tout d'un coup j'existais. Et ils ne ma parlaient pas forcément pour me draguer, c'est juste que tout d'un coup ils me voyaient, j'étais digne d'être remarquée. Après cela j'ai commencé à me maquiller plus régulièrement, parce que c'était plus agréable.

Où je veux en venir c'est que le regard et l'attitude des gens changent suivant que je porte du maquillage ou non. Si j'en porte (tant que ce n'est pas trop, bien évidemment) ils deviennent plus gentils, plus souriants et me prennent plus au sérieux, tandis que lorsque je n'en porte pas, je reçois parfois des regards méprisants, on me dit que je suis plus jolie quand je me maquille, et d'une manière générale, on est moins sympa avec moi. Du coup, je passe une meilleure journée et j'ai une plus haute estime de moi lorsque je porte du maquillage, pas forcément parce que je me trouve plus jolie (même si parfois c'est le cas), mais à cause de l'image que les autres me renvoient de moi-même.

Bien sûr, ce n'est pas toujours le cas. J'ai maintenant une estime de moi bien plus haute qu'il y a plusieurs années et je n'ai plus besoin d'adhérer aux normes de la féminité pour me sentir bien et m'imposer, sauf dans des situations où j'ai l'impression que je devrai plus mettre en avant mes côtés féminins, par exemple lorsque j'ai un job dans un bar ou à l'accueil, ou lors d'un premier rendez vous, ou encore quand je sors le soir et que toutes les filles sont bien apprêtées, je n'ai pas envie de "faire tache". En gros des situations où je suis plus en position de subordination et/ou de séduction (oui, lors d'un premier rendez vous avec un homme, j'ai encore des réflexes hérités des années à recevoir des conseils séduction du style presse féminine, malgré tout le travail que je fais là-dessus, c'est solidement ancré).

Un autre côté du maquillage à ne pas négliger, c'est son aspect peu pratique. Lorsqu'on a le visage tout peinturluré (même moi qui me maquille peu), on ne peut pas trop se toucher le visage, ni faire trop d'effort au risque de transpirer, ni décider de se baigner sans voir tout couler. ça restreint pas mal la liberté.

Bref, donc je porte du maquillage de temps en temps, je me sens bien sans et c'est surtout ça que je trouve important : ne pas en être dépendante. Je sais pas si tout ce que j'ai écrit est clair, parce que certaines réflexions me sont venues en écrivant. Et toi, comment tu gères par rapport à ça ?

Bonjour ! Encore un sujet intéressant !
Je n'ai jamais porté beaucoup de maquillage. Trop coûteux quand j'étais ado (je préférais dépenser mon argent de poche dans d'autres choses), trop compliqué à maîtriser, je n'avais ni le temps ni la patience... Bref, j'en portais, mais juste le minimum. C'est vrai que je me trouvais plus belle avec quand j'en portais par contre, et je trouvais ça normal de se maquiller avant de sortir ou d'aller au lycée.
J'ai complètement arrêté le maquillage (et coupé mes cheveux courts) il y a environ 3 ans. Ça coïncide un peu avec la période où j'ai découvert le féminisme radical en fait, donc je pense que les deux sont un peu liés. Ça coïncide surtout avec un moment de ma vie où je voulais un nouveau départ donc je me suis séparée de personnes qui me maltraitaient, de mes cheveux longs que je détestais tellement, et j'ai décidé que je n'avais pas besoin de maquillage. J'ai commencé à vraiment ne plus en avoir rien à faire d'être féminine ou jolie (je n'ai jamais été super féminine de toute façon mais maintenant je vais volontiers m'habiller au rayon homme par exemple) et c'est l'une des meilleure décision de ma vie. J'ai plus confiance en moi.
Par contre, je me prends souvent des remarques pas très subtiles de la part de mon entourage. Ce qui m'énerve le plus, c'est le fait que ne pas se maquiller ou ne pas être féminine en général, c'est considéré comme pas professionnel ou immature. Évidemment, les hommes n'ont pas cette pression.

Bonsoir !

Personnellement, je n'ai pratiquement jamais porté de maquillage, sauf pour les occasions particulières (je faisais de la danse classique donc le maquillage était obligatoire pour les spectacles, par exemple).
Le maquillage a toujours été un gros mystère pour moi, je n'ai jamais compris pourquoi certaines de mes camarades tenaient tant à se maquiller tout les jours, ni comment on faisait pour apprendre à s'en servir. Je me suis toujours considérée comme l'intello de service (donc pas spécialement jolie) et prendre soin de son apparence me paraissait comme une corvée. J'admirais le monde des filles "féminines" de loin, mais ce n'était vraiment pas mon truc.
La seule fois où je me suis vraiment sentie mal à propos de mon visage, c'est durant mes premiers mois à la fac, à cause de mes boutons d'acné. Le jour où je suis venue finir mon inscription à la fac, j'attendais derrière un jeune homme qui était avec ses parents quand le père se retourne vers moi et se met à me donner des conseils pour soigner mes boutons (alors que je ne le connaissais même pas et lui avait rien demandé !),je ne me souviens pas avoir pu lui répondre quelque chose tellement j'étais surprise et gênée. Du coup, cet idiot m'a fait prendre conscience de mes boutons et j'ai passé mes premiers jours en tant qu'étudiante à me demander si c'était vraiment si horrible que ça (surtout que j'avais l'impression d'être la seule personne du campus à en avoir).
Maintenant, je m'en moque un peu, même si ce n'est pas franchement agréable d'avoir de l'acné, ça ne m'inquiète plus autant qu'avant...
Le féminisme radical m'a beaucoup aidé à apprécier mon corps tel qu'il est "au naturel" et je pense que c'est ce qui compte le plus. Il m'a aussi fait prendre conscience de la pression sur le physique des femmes que je ne voyais avant que comme de la coquetterie (je pensais que les femmes qui se maquillaient le faisaient parce qu'elles en avaient envie).

J'en ai rarement porté moi-aussi, sauf pour des occasions très particulières (La dernière fois c'était pour le tout premier nouvel an que je passais chez la grand-mère de mon copain... En 2014). J'ai moi aussi toujours eu de l'acné et des problèmes de peau (eczéma nerveux, peau trop sèche/trop grasse selon les endroits). Je préférais laisser ma peau nue, d'abord pour être invisible, et ensuite parce que certains produits pouvaient clairement abimer ma peau. En plus, dans ma tête, si je mettais du maquillage et que quelqu'un le remarquait, alors il verrait aussi les boutons par dessous. J'ai du prendre des médicaments pour l'acné sévère qui l'atténuait, mais comme j'étais très jeune, mon réflexe a été le replis. Je réfléchissais en terme de : si on ne me voit pas, alors on ne me juge pas non plus.

Depuis quelques années j'ai quand même une trousse avec un minimum : un rouge à lèvre qu'on m'a offert, du fond de teint, trois crayons. Mais clairement je ne les utilise pratiquement jamais. Et je sais que souvent, pour des jury ou des évaluations, quelqu'un va encore me demander si je ne veux pas "me faire jolie". Et je le fais, je me lave les cheveux, je fais attention à comment je m'habille, etc. Mais je ne me suis pas encore maquillée pour ça. Je le ferai quand je ressentirai le besoin de le faire pour moi, pas pour les autres. En attendant, je fais ce dont j'ai besoin pour avoir confiance en moi, pas pour plaire aux autres.

Et Cannibale_Litchi, je comprend trop bien ce que tu as ressentis. Les cours particuliers du genre "Il faut arrêter de boire trop sucré" ; "Il faut vraiment bien se laver la peau du visage et ne pas manger trop gras" ; et le fameux "Le clearasil c'est vraiment très efficace !" (oui-oui, ça m'a brulé jusque sur les seins le jour ou j'en ai apposé sur mon visage, et pourtant j'avais testé sur la peau de mon bras deux jours de suite pour vérifier).

Les fois où j'en ai porté se comptent sur les doigts d'une main, et à chaque fois, c'était parce que mes amies insistaient pour me maquiller... La première fois, j'étais dans ma première ou deuxième année de collège, donc encore assez jeune, et j'avais très mal vécu d'entendre, tout au long de la journée, que j'étais "teeeeellement mieux comme ça".

Mon entourage est, en grande partie, habitué à me voir "au naturel", et je ne suis de toute façon pas "féminine" donc peu s'attendent à ce que je me maquille, mais je n'échappe pas aux remarques déplacées et certains attendent le jour où je "deviendrai enfin une vraie fille"...

Pour l'instant, je ne ressens pas vraiment de pression à en mettre (c'est quelque chose que j'assume plus facilement que le fait de ne plus m'épiler par exemple), mais je ne suis encore qu'à la fac et j'ai crains d'être contrainte à en porter plus tard, dans le milieu professionnel.

Je me maquillais beaucoup plus il y a quelques années. Aujourd'hui, 90% du temps je suis sans maquillage, même quand je sors. Déjà parce que ça coûte cher, j'ai la flemme de me démaquiller le soir, j'ai la flemme de le faire tout court, à la fin de la journée ça a coulé et viré et c'est moins joli, j'ai la peau sensible... Je prends soin de ma peau ( avec simplicité, je n'ai pas des centaines d'euros à dépenser là dedans, mais j'utilise des soins qui me conviennent ), je mange correctement, bref, j'essaie d'avoir une jolie peau avant tout, et ça va, à part deux trois cicatrices d'acné datant de l'adolescence j'ai une jolie peau. Mon visage nu me plait en fait, je me trouve belle sans rien. J'aime bien ce look "no makeup", et je dois admettre que de voir des nanas sans maquillage parmi mes amies et sur les réseaux sociaux m'a beaucoup aidé. De temps en temps je me maquille quand même, pour changer, mais c'est toujours très simple : bb crème, fard à joues, mascara et rouge à lèvres. Point.

Bonjour!
Personellement j'i mis beaucoup de temps avant de me maquiller (un début d'intérêt fin lycée), tout simplement parceque je préférais grimper aux arbres et courir plutôt que de ne pas bouger. J'ai eu la chance d'avoir une mère qui ne voyait aucune objection à ne pas se maquiller, puisqu'ele ne le fait pas non plus (ou c'est la campagne je sais pas trop ^^). Toujours est-il que même maintenant je me maquille assez peu, et que les seules fois où je le fais c'est quand j'en ai envie. Après pour les gens qui me trouvaient plus jolie avec, j'ai beaucoup confiance en moi (parfois un peu trop), et ma seule réaction enfant était de hausser les épaules, d'où mon côté méprisant soit disant. Et lorsque je me maquille, je mets simplement du noir sur les cils et du rouge à lèvres, éventuellement de l'eyeliner quand j'ai la foi.

C'est très intéressant de lire vos expérience sur le sujet. Ca me fait du bien de voir que beaucoup d'entre vous sont à l'aise sans maquillage. Pour ma part j’ai une assez longue histoire avec le maquillage, plutôt dans le rapport aliénant qu’on peut avoir avec.

Quand j’ai eu le droit de me maquiller vers la fin du collège/début du lycée, j’envisageais plus ça comme un moyen d’expression de ma personnalité et de mon style, et je le voyais comme beaucoup moins genré que ça ne l’est en réalité puisque plusieurs de mes idoles hommes portaient du maquillage. Même si inconsciemment je pense que j’avais déjà intégré depuis longtemps que c’était quelque chose à faire quand on est une femme, je ne le comprenais juste pas encore comme une pression sociale, ça me semblait plutôt positif, et comme petite j'adorais le maquillage, avoir enfin le droit d'en porter était plutôt une satisfaction.

A la fin du lycée, mon acné est devenue plus sérieuse, ça a commencé à me complexer, et je crois que mon année de BTS en tourisme a contribué à cristalliser le problème : ça semblait indispensable d’avoir l’air "professionnelle" (et d’avoir l’air d’une femme, pas d’une adolescente). Mon acné est devenue un complexe terrible, c’était à la limite du supportable d’aller en cours le visage nu, ou même rien qu'au supermarché. Quand ça m’arrivait, je me sentais très mal, honteuse en fait. Je crois que c’est aussi là qu’on peut tomber dans le piège du maquillage comme "empowering" ; forcément, quand on se sent pire que de la crotte quand on en porte pas, en porter peut donner l’illusion de retrouver de la confiance en soi et de l’emprise sur le monde, mais c’est une illusion, et c’est aliénant. Je ne considérais pas que le maquillage me donnait confiance en moi, mais ça a été pendant environ cinq ans, pendant lesquels mon acné n’a fait qu’empirer, une nécessité pour me sentir un minimum digne d’exister hors de chez moi.

Ironiquement, en dehors du fait que mon acné se soit améliorée, le désintérêt et le manque d’énergie causés par la dépression ont beaucoup participé à me rendre le maquillage moins automatique. Cela dit, si ça ne me pose plus de problèmes de ne pas me maquiller pour aller en cours ou voir mes amis, si je vais être exposée au regard des autres (pour un entretien par exemple, où même une simple sortie) je me maquille toujours parce que c’est plus supportable comme ça. Ca m'énerve parfois, j'aimerais pouvoir ne pas m'en soucier et me maquiller seulement lorsque j'en ai vraiment envie, mais je n'en suis pas encore là.
En revanche, je fais très attention à ce que j'utilise. Je reste loin des cosmétiques conventionnels et je n'utilise que quelques produits les plus naturels possible, je suis intransigeante là-dessus. (Pour ce que ça vaut, ça m'a permis de devenir une experte en lecture des compositions...)

J'ai l'impression qu'on demande des femmes qu'elles se maquillent, pour ne pas avoir l'air négligé, pour être tout simplement dignes de visibilité, pour pouvoir être considérées comme séduisantes, et en même temps, c'est dénigré, car considéré comme superficiel, voire pire, surtout dès qu'on sors un peu du minimum exigé. Récemment une amie m’a rendu visite à l’improviste, une des premières choses qu’elle a fait, c’est s’excuser du rouge à lèvre "rouge pute" (ses mots, pas les miens) qu’elle portait parce qu’elle venait de l’essayer avant de l’acheter.
J'ai souvent l'impression que ne pas me maquiller me desservirait, et en même temps, le faire me dessert tout autant parce que ça me fait perdre ma crédibilité en tant qu'être doté d'intelligence.

De mon côté je me suis rarement posé la question: le maquillage gênait mon dynamisme, parce qu'il fallait se calmer, être posée, vérifier que ça n'ait pas coulé... Bref plus de contraintes qu'autre chose, ça ne vaut pas la peine de se plier et quatre pour ça. Et pour l'avis des autres... J'ai une légère tendance à me dire qu'on en a rien à carrer, s'ils ne sont pas contents ça ne changera pas ma journée, au pire ça gâchera la leur.

Perso, c'est sans maquillage que je me sens plus forte, en fait. Même si quelqu'un me trouve moche, et alors ? Moi, je ne me trouve pas moche ! Et puis, quelle importance, sans rire, d'être belle ou pas? Est-ce grave, d'être "moche" ? C'est un crime ? Non. Aujourd'hui je suis sortie sans aucun maquillage et pourtant j'ai un bouton qui est apparu sur la joue avant hier. Tant pis. Personne n'est mort! Je me suis mise pendant des années une pression folle, je devais être belle, être toujours féminine, sinon, je me sentais affreuse, inexistante. Je courais après un idéal impossible à atteindre, je me sentais constamment nulle en comparaison. Et puis quand on regarde autour de soi, on réalise que les gens, les femmes, comme les hommes, ont tous des "défauts", des cernes, des boutons, des fringues pas toujours top, des kilos en trop, ou en moins, des dents de travers,... Et ils s'en fichent, ils circulent, ils font leur vie... Des gens parfaits, je n'en vois jamais. Il y a bien des gens correspondant aux normes de beauté, mais sont-ils forcément plus heureux, plus intelligents, plus sympathiques que les autres? Non. Donc j'ai arrêté de me mettre autant la pression. Tant pis si mes cernes se voient, tant pis si je ne fais pas du 36...

Je suis d'accord avec Rose_hybride concernant le côté "empowering" du maquillage, c'est plus facile de prétendre que le maquillage nous rend fortes plutôt que d'admettre qu'on en met pour compenser un mal-être par rapport à son corps :/
En ce qui me concerne, je porte toujours du maquillage. J'ai commencé quand j'était adolescente, j'étais dans le milieu lolita (la mode japonaise) et je m'apprêtais pour sortir. Je portais des faux-cils et pas mal de maquillage en général car je voulais masquer mon acné et éclaircir mon teint. Le racisme a pas mal joué dans mon mal-être par rapport à ma peau, bien qu'elle ne soit pas matte, j'ai mis longtemps à l'accepter car j'étais dans un milieu qui prônait la blancheur. Je me rends compte avec le recul que j'avais un besoin maladif de contrôler l'apparence mon corps, qui se manifestait également par le contrôle de mon poids. Depuis j'ai pas mal diminué et je n'ai presque plus rien, mais je dois dire que j'ai encore du mal à sortir sans maquillage et que je suis souvent tentée d'en acheter. J'ai encore cette idée de perfection qu'au fond je cherche à atteindre, même si je suis parfaitement consciente que c'est ridicule et construit...

Je suis d'accord avec toi Cashmere, on accorde beaucoup trop d'importance à la beauté, on présente vraiment ça comme vital pour être heureux, on se bouche tant d'horizons pour ça.

Je me maquillais beaucoup quand j'étais plus jeune et j'utilisais ça un peu comme un masque. Je me sentais mieux parce que je me cachais derrière. Et puis en vieillissant j'en ai porté de moins en moins, parce que j'ai remarqué que je ne supportais pas le moindre défaut sur mon visage (et par défaut j'entends toute mini rougeur, mini bouton, cernes etc) et que j'avais du mal ne pas mettre "ne serait-ce qu'un peu de poudre" le weekend. La mode du nude m'a pas mal aidée d'ailleurs, à en mettre de moins en moins et mon visage démaquillé ne me choque plus. Je me maquille légèrement, je mets juste de la poudre, du blush, du mascara et de temps en temps du rouge à lèvre; l'été, je laisse ma peau tranquille.
J'aime bien me maquiller de manière plus sophistiquée de temps en temps, mais comme c'est rare ça reste un jeu, un petit plaisir. Je ne pourrais plus, comme quand j'avais 18 ans, y passer 20 minutes tous les matins!

Je trouve ça tellement génial, ce que dit CashmereB à propos de "être moche". C'est aussi quelque chose que j'ai compris et accepté il n'y a pas longtemps. En fait, je ne me trouve ni jolie, ni moche, et je n'y accorde aucune importance. Et j'ai aussi arrêté d'accorder de l'importance à l’apparence des autres. Et je me sens tellement épanouie depuis ce moment en fait, s'il devaient y avoir un "empowerment" quelconque ce serait bien ça. Car après tout, on s'en fiche, d'être moche. Ça ne change rien à qui on est. Quand j'étais à la fac, j'ai remarqué que beaucoup de mes enseignantes ne se maquillaient pas ou peu, et que l'une avait les dents de travers, comme moi, et ça m'a fait du bien de voir qu'une femme aussi brillante et gentille qu'elle arrivait à faire des choses aussi géniale sans être "parfaite".

Tu as complètement raison CashmereB, après tout, avoir des défauts, être beau, moche, ou ni l’un ni l’autre, ça ne devrait rien changer du tout.
je crois que l’idée, et la confiance, qu’on a vis à vis de ça, dépend beaucoup de nos modèles et nos représentations psychiques. Ce qui fait que mon point de vue sur le maquillage, et sur moi, change, c’est que maintenant j’ai de nouveaux « modèles » qui ne sont pas parfaits physiquement, et qui n’ont pas besoin de l’être ; ça rejoint un peu le commentaire de Woolfienne sur ses enseignantes. Pendant mon adolescence ce n’était pas le cas, d’ailleurs c’est drôle, Sappho1900, j’ai aussi fréquenté le milieu lolita. Je n’y pensais plus mais maintenant que tu en parles, je me dis que ça a forcément eu une grosse influence sur mon obsession pour le teint de poupée parfait. D’autant que, du souvenir que j’en ai, c'était un milieu qui avait la critique facile et parfois acerbe et surtout avec des modèles de perfection inatteignables en terme d’apparence et qui touchent à des choses qu'on ne peut pas changer, comme la blancheur de sa peau...
Même sans ça, entre les films, les publicités, la télévision, internet, on nage en permanence parmi des images de femmes « parfaites », retouchées, avec peu de diversité, ça influe forcément sur nos représentations, surtout quand, comme disait Sappho1900, on nous présente la beauté comme indispensable au bonheur et à l'épanouissement. Quand on est pas sécurisé sur ces choses là, ça peut être difficile de naviguer là-dedans.

CashmereB a écrit:

Perso, c'est sans maquillage que je me sens plus forte, en fait. Même si quelqu'un me trouve moche, et alors ? Moi, je ne me trouve pas moche ! Et puis, quelle importance, sans rire, d'être belle ou pas? Est-ce grave, d'être "moche" ? C'est un crime ? Non. Aujourd'hui je suis sortie sans aucun maquillage et pourtant j'ai un bouton qui est apparu sur la joue avant hier. Tant pis. Personne n'est mort! Je me suis mise pendant des années une pression folle, je devais être belle, être toujours féminine, sinon, je me sentais affreuse, inexistante. Je courais après un idéal impossible à atteindre, je me sentais constamment nulle en comparaison. Et puis quand on regarde autour de soi, on réalise que les gens, les femmes, comme les hommes, ont tous des "défauts", des cernes, des boutons, des fringues pas toujours top, des kilos en trop, ou en moins, des dents de travers,... Et ils s'en fichent, ils circulent, ils font leur vie... Des gens parfaits, je n'en vois jamais. Il y a bien des gens correspondant aux normes de beauté, mais sont-ils forcément plus heureux, plus intelligents, plus sympathiques que les autres? Non. Donc j'ai arrêté de me mettre autant la pression. Tant pis si mes cernes se voient, tant pis si je ne fais pas du 36...

J'aimerais atteindre ce niveau de détachement! Je n'y arrive que l'été, quand je suis en vacances. Mon visage se couvre de tâches de rousseur donc je renonce à la poudre et au reste par la même occasion. Je porte des shorts et des t-shirts confortables parce qu'il fait chaud et j'oublie mes complexes... Le reste du temps j'y arrive pas!

Ah mais après j'ai quand-même des complexes!
Tiens, justement, je me suis maquillée aujourd'hui, en mode un peu pin up, je me trouvais jolie, ça changeait, mais dès que je suis rentrée, je suis allée me démaquiller. Et j'étais bien contente de retrouver ma peau toute nue.

C'est drole, en vous lisant je réalise que j'ai eu de la "chance" d'être aussi en colère parce que ça m'a aidé à arrêter tout ça radicalement, même si je ne sais pas comment ça va tourner. J'étais totalement "garçon manqué" quand j'étais petite puis à l'adolescence je suis devenue hyper sexualisée du jour au lendemain, donc hyper maquillée, très très sexy et séductrice etc etc, jusqu'à ce que je remette tout ça en question et que je réalise à quel point à la fois on m'a poussé à me détester, puis on m'a proposé comme solution un comportement encore plus objectifiant et destructeur qui m'apparaissait comme être ce qu'on attendait de moi alors qu'en même temps je me faisais punir d'être sexualisée comme ça. Bref, c'est confus mais vous voyez je pense. Toujours est-il que je l'ai réalisé, que ça m'énerve au plus au point et que du coup j'ai arrêté tout maquillage, fringue "féminine", épilation etc du jour au lendemain.